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La Parole des proches si rare ou étouffée par ce bruit blanc : « Vous n’y pouvez rien» ?

« Parce qu’ils vivent dans la honte, la solitude et la culpabilité, les proches de malades alcooliques ne prennent que très rarement la parole ». Après avoir lu ces propos de l’une des plus importantes associations d’information, de prévention, de soutien et d’orientation pour les personnes souffrant d’addictions, je ne peux que réagir. Adhérent et bénévole dans une association d’entraide et de prévention ,je me présente toujours par ces mots : «J’étais l’aidant naturel de ma femme malade d’une addiction à l’alcool » En me présentant ainsi devant mes pairs, je les sais toujours incrédules. Cette certitude si fortement ancrée de l’impuissance et de la codépendance de l’entourage. La Parole des proches est-elle vraiment si rare ou étouffée par ce bruit blanc : « Vous n’y pouvez rien ». Personnellement cette affirmation péremptoire de mon impuissance, je l’ai entendue pour la première fois, au sortir des urgences, au tout début du parcours de soin de mon épouse. Ce message sans autre dialogue n’était accompagné pour toute orientation me concernant, que de cette injonction culpabilisante et sans moyen : « Protégez-vous, protégez vos enfants ». Malgré tout jours après jours j’ai fait tout mon possible pour aider ma femme malade, tout en protégeant nos enfants. Présent à ses côtés pour l’orienter, pour contribuer à son engagement dans les soins, demandeur de comprendre et de m’impliquer dans l’accompagnement de son parcours de soin. J’étais là, toujours à ses côtés, pour faire face aux échecs, aux rechutes, seul sans interlocuteurs et pourtant influenceur au mieux de sa motivation et partenaire essentiel à la reprise et à la continuité de son parcours de soin. Partenaires nous l’étions par choix pour la vie et jamais, au grand jamais, je n’ai été une personne extérieure à son parcours de soin et de vie, sauf qualifié ainsi et tenu à l’écart par des professionnels de santé. Il est courant de rappeler tous les tabous et les non-dits stigmatisants qui accompagnent en silence le malade alcoolique et aussi son entourage assurément codépendant . Argument facile pour étayer ce constat simplificateur : Les proches souffrent en silence. Il est paradoxal de nous reconnaitre, pour autant, fréquemment à l’origine des premiers contacts avec les structures de soins, pourquoi ne sommes-nous pas dès lors qualifiés d’aidants, accueillis, accompagnés, et écoutés comme tels. Nous reconnaitre aidants pour les professionnels c’est aussi nous qualifier d’usagers et devoir mettre en œuvre une offre de services, d’accompagnement et de soins pour les proches lisible et accessible à chacun d’entre nous en tous points du territoire. Si aujourd’hui notre santé mentale est un droit, alors sollicitez nous et accompagnez notre parole dans les médias. Sans jamais mettre en doute l’implication et l’engagement des professionnels de santé, nous usagers engagés et membres de l’entourage ,nous pouvons témoigner de la complexité, de la discontinuité des parcours de soins en santé mentale et aussi de l’insécurité de notre parcours de vie individuel et familial aux côtés de notre proche malade quand laissés seuls, l’aggravation de son état nous met tous en danger. Ensemble nous devons revendiquer plus de moyens et affirmer la nécessité urgente de déployer ces moyens indispensables, d’accueil ,d’écoute et d’accompagnement dédiés aux proches au plus tôt des parcours, pour nous aider à être aidants et aussi à faire de nos enfants et de nos jeunes, des adultes avertis, moins vulnérables et en capacité d’être à l’avenir les acteurs de leur santé.

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