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Pontivy. Alcoolisme : le témoignage d’un mari traumatisé

Article paru dans Ouest France le 12/11/2018

Sa femme, alcoolique, est décédée l’an dernier. Yves, un habitant de Pontivy (Morbihan), témoigne de dix ans d’enfer pour que médecins et associations s’ouvrent aussi aux familles.

Alcoolique, sa femme est décédée l’an dernier d’une fausse route, après une ultime ivresse massive.

Yves a vécu « l’enfer », pendant plus de dix ans, aux côtés d’une épouse qu’il n’a pourtant jamais cessé d’aimer. « Je suis traumatisé », explique cet habitant de Pontivy (Morbihan), qui veut rompre le tabou autour de l’alcoolisme et de la dépression.

Un exercice difficile, car une partie de sa famille n’est pas prête à parler de ces maladies qui ont tué leur proche à petit feu. Alors Yves ne donnera que son prénom. « Et de l’espoir. J’aurais voulu avoir le droit à l’espoir. Ce n’est pas parce que ça s’est mal terminé pour nous que ce sera le cas pour d’autres. »

L’alcool comme anxiolytique

Le quinquagénaire raconte la vie d’un couple, d’une famille à première vue comme les autres. « À la maison, nous n’avions pas d’alcool fort. Elle en achetait sûrement déjà en cachette avant. Un jour, ça se voyait, elle n’a plus pu cacher qu’elle était ivre. »

À cette période, la femme d’Yves a quelques soucis professionnels et l’un de leurs trois enfants est malade - depuis, il est guéri. « Elle utilisait l’alcool comme anxiolytique. »

Descente aux enfers

C’est le début d’une lente descente aux enfers. « Un crève-cœur énorme, une situation invivable. Je vidais les bouteilles que je trouvais, la vodka dans son sac à main, le whisky caché derrière les rideaux. Elle passait parfois ses journées au lit. Ne sortait que pour acheter à boire et rentrait en titubant devant nos enfants… »

Yves se sent « mis à l’écart » , aussi bien par les médecins que par les associations d’aide aux alcooliques. « La première chose qu’on vous dit, c’est qu’en tant que conjoint, vous ne pouvez rien faire. Qu’il fallait la laisser toucher le fond pour qu’elle ait le déclic. On est paralysés par ça… »

« J’aurais voulu savoir »

La femme d’Yves consulte, parfois volontairement, parfois incitée par son mari ou sa famille.

« Nous étions mariés depuis presque vingt ans, mais je ne savais rien des traitements qu’elle prenait, ou pas, parce qu’elle n’était pas toujours en état de les prendre. Ni de leurs effets secondaires. En prenant du Baclofène, ma femme était devenue incontinente. J’aurais voulu le savoir, m’y préparer. Pouvoir parler, aussi, des atteintes neurologiques dues à l’alcool, qui m’angoissaient énormément. »

En dix ans de maladie, la femme d’Yves a suivi trois cures de désintoxication dans des établissements spécialisés. Plusieurs mois loin de chez elle, où les contacts avec sa famille ne sont que téléphoniques.

« À chaque fois, le « contrat » était clair : si le malade boit, il est mis dehors. Et ma femme, toujours angoissée à l’idée de sortir de ce cocon, s’alcoolisait juste avant la fin de son séjour. »

« Une perte de chance »

Le Pontivyen estime avoir subi « une perte de chance : des médecins m’ont déconseillé de prendre une disponibilité pour rester auprès de ma femme. Mais quand j’étais présent, elle ne buvait pas… Aurait-on dû la laisser sous surveillance hospitalière ? On m’a privé de pouvoir agir. »

Le quinquagénaire s’épanche sur son blog. Et veut se battre désormais pour que l’entourage du malade devienne un partenaire de ses soins.

« On oublie que c’est très souvent la famille qui met l’alcoolique dans les circuits de guérison. Si on voulait bien l’informer et l’aider lui-même, il serait en mesure de mieux entourer le malade, de seconder les médecins et les associations. »

Le blog d’Yves   www.fh3g.net.

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