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Secours.

Je publie aujourd'hui ce texte inédit que j'ai écrit en 2016, un an avant le décès de mon épouse. C'était déjà sans mon recul actuel le même constat. Cet écrit est une lettre ouverte, mon ancre de miséricorde, peut être un appel à témoin, plus surement un appel de détresse et de toute évidence aussi une réaction de colère contre les silences du système de soins psychiatriques.

Une lettre ouverte pour affirmer mon statut d’interlocuteur obligé du parcours de soins de ma femme. En effet depuis plus de 6 ans que ma femme est alcoolo-dépendante et malgré toutes les hospitalisations, cures et postcures son lieu de vie principal reste notre foyer. Je suis intimement persuadé que notre couple et l’avenir de nos enfants restent notre projet de vie commun malgré la maladie.

Je sais ne pas être soignant, je reconnais mon impuissance à influer sur les capacités d’abstinence de mon épouse. Je suis conscient que mes excès de vigilance et de colère sont autant d’épisodes qui renforcent les mécanismes maladifs que combat mon épouse. Mais je sais aussi être le seul garde-fou dans les phases aigues de ses alcoolisations où les acteurs de son parcours de soins sont en incapacité d’intervenir et de la protéger.

Je veux dire ici la solitude extrême de ces moments-là, où la spirale infernale de la maladie me laisse spectateur impuissant devant l’aggravation de son état. Où mes démarches pour que cela ne finisse pas dans un box des urgences avec une alcoolémie supérieure à 4 grammes restent vaines face aux cloisonnements des structures.

Etre interrogé aux urgences sur les volontés suicidaires de ma femme. Etre informé aux urgences des atteintes irrémédiables que portent ces alcoolisations massives réitérées. Le désarroi généré par l’information délivrée sur la survenue de plus en plus probable d’atteintes cognitives et neurologiques définitives et du syndrome de Korsakoff.

Suis-je dans l’erreur, égaré par la souffrance en pointant là un endroit , un moment inadapté et un manque de dispositif d’annonce ,de dialogue et d’accompagnement qui ne peut que culpabiliser.

Je dois me protéger et de mon mieux protéger nos enfants.

Une évidence facile à énoncer dont les moyens restent de mon initiative et à mon appréciation.

Heureusement j’ai rencontré des intervenants qui m’apportent un réel soutien psychologique et un décryptage des actions de soins dont ma femme fait l’objet.

Je comprends également la distance nécessaire à établir entre ma femme et moi pour permettre sa démarche de soins.

Je reste cependant meurtri et dans l’incompréhension concernant l’impossibilité de dialogue avec les structures intervenant dans le parcours de soin de mon épouse.

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