Refusez ce silence !!
Texte publié en réaction a l'article paru dans Ouest France le du 03/08 sous le titre : "Les Proches victimes silencieuses des alcooliques":
J’étais l’aidant naturel de ma femme et je l’ai accompagnée de mon mieux jours après jours. Elle souffrait d’une addiction sévère à l’alcool et de dépression. Si nous avons souffert à ses côtés de sa maladie , de son comportement addict et de son déni , je refuse d’être qualifié de victime silencieuse devant admettre son impuissance. Si j’ai comme tant d’autres été contraint au rôle effroyable de spectateur impuissant de son calvaire c’est avant tout lié à l’absence d’une offre de soin, de dialogue, et d’accompagnement pour l’entourage. Nous usagers engagés du système de santé, membres de l’entourage de personnes malades de l’alcool il nous faut dénoncer cette situation et le manque de moyens des structures d’accompagnement et de soins. j’écris dans toute ma démarche de témoignage refuser ce silence.
Confronté à une maladie chronique où l’intervention précoce est la meilleure garantie de succès de la démarche de soin. Confronté à ma mise à l’écart systématique de son parcours de soins. Privé de tout dialogue, de toutes informations, j’ai été mis dans l’incapacité d’orienter et d’accompagner efficacement son combat contre la maladie. Confronté à l’insécurité totale de notre quotidien par manque d’interlocuteurs, quand les alcoolisations massives de ma femme et son comportement mettaient en danger sa vie et celle de notre famille. J’ai toujours été présent à ses côtés pour lui venir en aide jusqu’à la fin et ce message de résignation me reste intolérable. Cette phrase : « Vous n’y pouvez rien, protégez-vous, protégez vos enfants » est un geste barrière inadmissible et une maltraitance privant l’entourage d’une prise en charge pourtant reconnue indispensable par de nombreux professionnels. Le rôle des associations de pairs aidants est primordial pour l’accompagnement des malades et de leurs entourages. Je suis moi-même membre de l’association Alcool-Assistance et je participe à des groupes de paroles. J’espère que d’autres usagers, les associations et de nombreux professionnels viendront rompre ce silence et étayer mon argumentaire pour réclamer la mise en œuvre d’une offre de soins et d’accompagnement à la hauteur du combat à mener.