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Le message d’espoir d’Yves, qui refuse que l’alcoolisme soit tabou

Article de Julie Schittly, journaliste et chef d’agence à Pontivy O-F 29/12/2018.


Pour moi, 2018 c’était… cette rencontre bouleversante avec Yves, qui a vécu l’enfer auprès de sa femme alcoolique. Un an après sa mort, ce Pontivyen lutte encore pour briser le tabou qui entoure les malades et leur famille.


Une année de journaliste, ce sont des dizaines de rendez-vous qui s’enchaînent, certains académiques, d’autres plutôt comiques. Certains superflus, vite oubliés, d’autres qui vont changer, un peu ou beaucoup, notre regard sur le monde.

Celui qui m’a marquée, en 2018, a eu lieu par un samedi tranquille, fin octobre. Yves a poussé la porte de la rédaction de Pontivy pour me raconter un épisode particulièrement noir de sa vie.

Après une décennie d’alcoolisme de plus en plus sévère, sa femme était morte dans une ultime ivresse, un an auparavant. Juste à côté de lui.

« Refuser le silence »

Comment ne pas compatir avec cet homme qui aura tout tenté pour sauver celle qu’il aimait ? Comment ne pas être bouleversée par le récit de cette descente aux enfers, de ce scénario semblant, hélas, écrit d’avance ?

Contre toute attente, le témoignage d’Yves m’a apporté un sacré réconfort. « Ce n’est pas parce que ça s’est mal terminé pour nous que ce sera le cas pour d’autres. »

Yves a perdu sa moitié, mais continue à cultiver l’espoir. Pour mettre des mots sur sa douleur, ne pas sombrer à son tour, il a créé un blog. Il y martèle son credo : « Refuser le silence ».

Il en connaît hélas un sacré rayon, en matière de silence, puisqu’il s’est heurté au tabou de l’alcoolisme au sein de sa propre famille. Certains de leurs proches ne voulaient pas qu’on sache que sa femme buvait, encore moins qu’elle en est morte. Quand bien même ses ivresses devenaient une évidence, quand bien même elle titubait en pleine rue. Et lui ont demandé de renoncer à témoigner dans nos colonnes, ou de le faire anonymement.

Un nouveau combat

Yves n’a pas renoncé. Il ne le sait que trop bien, le silence peut faire mal, parfois même le silence tue. À ses enfants en tout cas, il parle et parle encore, de maladie mais aussi d’amour. La femme de sa vie restait pour lui une épouse et une mère aimante malgré son alcoolisme.

Il veut donner du sens à sa mort en se lançant dans un nouveau combat, pour que les familles d’alcooliques aient leur place dans le traitement des malades.

L’amour ne peut pas tout, mais l’amour peut beaucoup. Même si ça n’a pas marché, Yves a au moins essayé. Et veut désormais aider d’autres à ne pas laisser leurs proches couler. Rencontrer Yves, c’est voir que le proverbe dit vrai : l’espoir fait vivre. À chacune, à chacun de savoir le cultiver.


Un grand merci à Julie Schittly.

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